Sur les sentiers perdus de Louisiane
OU COMMENT GRAN BWA EST VENU À MA RENCONTRE :
C’est marrant comme certain songes peuvent être tenaces. Et celui de Gran Bwa faisait bien partie de ceux-là. Je me souviens encore quand je l’ai ébauché. C’était un soir de février, juste avant de sombrer dans les bras de Morphée. Je vous jure qu’au matin, j’étais persuadé de l’avoir oublié. Et pourtant, au réveil, il n’en était rien. Le Lwa était toujours là, accroché derrière ma rétine, dans la pénombre des bois, tout juste éclairé par les phares de Noémie. Pareil à un pantin, une simple bille de bois peinte lui servait de tête. Il était coiffé de deux vielles branches séchées et ses mains ressemblaient à s’y méprendre à deux petits fagots de brindilles assemblées. Il était grand, très grand. C’était un géant qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à son VÉVÉ.
Encore tout embué de mon sommeil, je m’empressais de le déposer rapidement sur un petit bout de papier en me disant que, le jour venu, je pourrais tranquillement le retrouver.
Quand, quelques mois plus tard, je suis de nouveau parti à sa rencontre pour le finaliser, il n’avait pas bougé. Il était toujours là, seul, à m’attendre sur une route perdue au cœur d’une sombre forêt, où même le soleil n’osait jamais venir le déranger. Et une fois le rough numérique terminé, c’est sans plus de difficulté, qu’avec l’aquarelle, lui et moi avons fini de discuter.
Qui est-il ?
Gran Bwa ou Grand Bois est le Lwa des plantes et de la nature. Il est souvent associé à San Sébastien et connait tous les secrets des feuilles et des racines qui vous ramènent à la vie ou vous offrent à la mort. Malgré son air bienveillant, il vaut mieux toujours ce méfier de lui comme de la plupart des Lwas d’ailleurs. On le dit souvent imprévisible, voire dangereux si vous ne lui apportez pas les offrandes qu’il attend (des herbes, des épices, du miel et du rhum). Alors, rappelez vous-en !